Bridon Édouard. (1837 - 1902)

 

 

Né à Bordeaux en 1837, fils de Théodore Bridon, "armateur et propriétaire du château de Taste à Sainte-Croix du Mont", Édouard Bridon arrive en Nouvelle-Calédonie par le Var, en provenance de Toulon, le 30 janvier 1874. Laissant sa famille en France, il est venu seul tenter sa chance dans la colonie, avec quelques fonds certainement puisqu'il figure comme "commerçant de marchandises de toutes catégories" au tableau des patentables de 1875. Cette même année il quitte Nouméa pour exploiter la mine Ghio, à Nakéty, dont il possède 22/500, en association avec Alcide Desmazures, Maurice et Imbault.

À Nakéty, il participe à la découverte des mines d'antimoine mais, en 1879, ruiné par la faillite de la Société Foncière, il s'obstine à rester sur place et le minerai de sa mine est le dernier expédié à Nouméa. Il tombe alors gravement malade et ne doit la vie qu'aux secours que lui prodiguent le colon Fullet et les canaques de la tribu de Tenda qui le soignent six mois durant.

Pour se fixer ensuite à Nouméa, il vend son matériel à Alphonse Bernier puis ses parts de la mine Ghio. Afin de recevoir convenablement sa famille qui le rejoint en février 1881, il cède pour 5000 F sa mine d'antimoine à Hanckar qui agit pour le compte de la compagnie Le Nickel.

Durant les années 1880, il exerce divers emplois de secrétariat d'administration ou de magistrature : représentant devant les tribunaux, secrétaire de mairie, secrétaire de la Chambre de commerce, secrétaire de la Chambre d'agriculture.

Dès 1881 il fait son entrée dans la presse locale en donnant quelques articles au Néo-Calédonien, articles dans lesquelsil se révèle partisan de l'autonomie de la colonie. Mais la véritable carrière de presse d'Édouard Bridon commence en 1886. Du 19 avril au 30 juin, il succède à Eugène Mourot comme rédacteur on chef du Néo-Calédonien. Durant ces deux mois, il fait dans les colonnes du journal de l'Imprimerie Civile l'éloge du gouverneur Pallu de la Barrière dont il avait auparavant critiqué l'œuvre de régénération des bagnards, inventant l'expression de "routes paludéennes" qui eut beaucoup de succès auprès des adversaires du fondateur du réseau routier calédonien. Ce revirement soudain eut pour conséquence que Julien Bernier accusa Bridon d'écrire sans conviction.

Le 17 décembre, Édouard Bridon fonde, conjointement avec Ambroise Roger, L'Avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ni l'un ni l'autre ne sont propriétaires du journal ni de l'imprimerie mais ils assurent à eux deux l'essentiel de la rédaction et assument en commun la responsabilité de la direction du journal.

Devenu à la fin de 1887 l'organe d'un nouveau parti local, le Groupe Républicain Colonial, L'Avenir joue un rôle de premier plan dans la vie politique nouméenne. Édouard Bridon s'y révèle par ses articles favorables à la venue d'un homme providentiel, Boulanger ou un autre, hostile au bagne et aux "grandes compagnies".

Le 6 mai 1890, la société "Bridon - Roger" est dissoute. Roger accuse son compère d'être passé à l'ennemi. Bridon a dû alors être sollicité de prendre, la direction de la rédaction de La France Australe laissée vacante par le décès d'Alfred Laborde, mais pour une raison inconnue, la chose ne se fit pas et c'est Julien Bernier qui, en juillet, prit en main les destinées du quotidien de Nouméa.

Édouard Bridon a peut-être collaboré à L'Éclaireur, en 1891, mais il ne revient véritablement à la presse qu'en février 1892 lorsqu'il devient "propriétaire" de La France Australe. En réalité le matériel d'imprimerie ne lui appartient pas, il le loue à la maison Jouve qui oriente de façon occulte la politique du journal.

En 1874, Édouard Bridon était franc-maçon ; on le retrouve en 1892 dans le camp de la Mission. L'accusation de versatilité lancée contre Bridon par Julien Bernier, en 1886, fut ensuite reprise par tous ses adversaires de plume : Epardeaux, Ballières, Durand, Piel... Édouard Bridon s'est toujours vigoureusement défendu de dépendre de qui que ce fût mais il est avéré qu'il a souvent changé radicalement d'opinion à propos des gouverneurs, Pallu, Nouët, Pardon et surtout Feillet, qu'il encense pendant deux ans puis qu'il combat avec hargne par la suite.

Souvent excessif, il affectionnait les longues périodes et pratiquait l'anaphore avec délectation et démesure. Il a été l'un des rares journalistes de Nouméa à n'avoir jamais postulé pour une fonction élective. Il s'est toujours refusé ne serait-ce qu'à discuter par témoins interposés des conditions d'un règlement par les armes d'une question d'honneur, préférant les recours aux tribunaux.

Il a publié, en 1890, une Histoire abrégée mais très véridique des mines en Nouvelle-Calédonie.

Il quitte La France Australe et le journalisme en juin 1899 et meurt à Nouméa le 28 décembre 1902, quelques semaines après son épouse. Ils avaient deux enfants : Eugénie et Théodore.