Foret, C.

 

Le 10 février 1886, C. Foret annonce qu'il prend seul la direction de L'Informateur et assure les lecteurs "que dorénavant aucune irrégularité ne se produira dans l'apparition quotidienne" du journal. Le même numéro présente un article de tête intitulé "L'Exil", sans signature, dont le ton élégiaque rappelle les épanchements sur le même thème de quelques déportés de la Commune à la fin des années 70. Je n'ai pas vérifié si Foret était un ancien déporté, ce qui ne serait pas surprenant, il leur manifeste une évidente sympathie dans ses écrits et semble en communion de pensée avec eux.

Le nom de ce simple ouvrier typographe reste attaché à la création du premier quotidien paru dans la colonie, L'Informateur de la Nouvelle-Calédonie.

Cette entreprise aboutit comme l'avait prédit Julien Bernier à "un fiasco". Pour survivre, la nouvelle imprimerie, dite Imprimerie de l'Informateur, aurait eu besoin des commandes de l'Administration or, C. Foret ne put obtenir l'adjudication. Déjà avant cela, son journal avait cessé d'être quotidien, Foret ne pouvait suffire à la tâche : n'ayant pu trouver d'ouvrier typographe à employer, il était à lui seul "compositeur - typographe- pressier - imprimeur - gérant - propriétaire - rédacteur" de L'Informateur.

Dans ses adieux qu'il fait au public le, 27 mai 1886, C. Foret annonce qu'il va quitter la colonie.

"Jusqu'à ce jour, écrit-il, j'ai joué sur la noire, j'ai perdu constamment. En changeant de pays, la couleur va changer. La rouge me sera-t-elle favorable ?"

Ces couleurs ne sont de toute évidence pas une simple référence à la table de jeux ; par leur symbolique, que signifient-elles ? C. Foret fut un opposant au gouverneur Le Boucher, il a attaqué l'Église aussi bien que la Loge et les "jocrisses" de tous bords. Le noir et le rouge de la roulette sont-ils à rapprocher du drapeau noir et du drapeau rouge ? C'est bien possible.