[Note-1]

Il s'agit justement d'un cas qui illustre le fait que linguistique et histoire font bon ménage, avec un exemple évident de renversement sémantique pour raison historico-politique.

De nos jours, on peut constater que pour tout ce qui est plus ou moins politique nous avons l'habitude de recevoir des media le message que ce qui est "de gauche" est très bien tandis que ce qui est "de droite" est plutôt mal.

L'explication en est historique : on sait que cette notion de "droite" et de "gauche" en politique est née du fait que, pendant les années de la Révolution française, les députés "républicains" s'étaient regroupés sur les gradins situés "à gauche" du président de l'Assemblée nationale, alors que les députés "royalistes" s'étaient regroupés à droite (je simplifie à l'extrême).

Plus tard, sous Louis-Philippe, se regroupant de manière semblable, les députés "du mouvement" ("libéraux", "progressistes") s'opposaient aux députés "de la résistance" ("conservateurs", on dira aussi encore plus tard "réactionnaires") et au final, Louis-Philippe a été renversé par une révolution.

Après la chute de Napoléon III, en 1870, il y a eu des tentatives pour rétablir la monarchie, mais finalement, la République s'est durablement établie et, au fil des années, des progrès ont été accomplis en faveur de la démocratie ; sur le plan social, les plus spectaculaires datent de 1936 et sont dus au gouvernement du Front populaire, un gouvernement "de gauche".

La suite, tout le monde la connaît : sous la Vème République, la "gauche" a moins eu l'occasion de diriger le pays que la "droite" mais elle est parvenue à gagner la bataille de l'opinion publique, du "politiquement correct" et si, de nos jours, dire de quelqu'un qu'il est "gauche" reste un attribut péjoratif parce que cet adjectif est toujours synonyme de "maladroit", c'est loin d'être le cas si l'on dit de quelqu'un qu'il est "de gauche", ce serait même plutôt l'inverse puisque placé dans une optique politique ; voici un exemple parmi des milliers d'autres, pris au hasard d'une lecture faite hier (par rapport au moment où j'écris) dans une salle d'attente en feuilletant l'hebdomadaire Le Point (numéro du 2 décembre 2010), à propos de Pierre Joxe le journaliste écrit : "… il poursuit néanmoins un combat de gauche pour améliorer la justice des mineurs".

Comme on le voit, le journaliste a estimé nécessaire de préciser que le combat de Pierre Joxe - à qui l'article est très favorable - est un combat "de gauche" : il a en effet pour finalité un progrès vers plus de justice, en faveur d'une catégorie fragile de la population.

Ainsi, chez nous, à la notion de "gauche", en matière politique, a été rattachée l'idée de "progrès social" : générosité, égalitarisme, volonté de justice, esprit de solidarité… tandis que la "droite" serait à l'opposé de tout cela, au moins sur le plan social.

Chacun jugera selon ses penchants, quant à moi j'ai pu constater que dans ce domaine, il y a loin de la parole aux actes : de quelque bord qu'ils soient les politiques prétendent toujours faire mieux que leurs adversaires, et ceux qui se disent "de gauche" le prétendent plus fort et plus souvent que leurs rivaux "de droite" ; encore faudrait-il que ce soit vérifié dans les faits, ce qui est loin d'être généralement le cas.

 

 [Note-2]

Née Wapata Soot et petite-fille du grand chef Boula, de Lifou, Simone Lenormand était Mélanésienne ; en langage local c'était donc une "popinée" qui s'est très vraisemblablement entendu traiter de "ponoche" plus d'une fois.

 

[Note-3]

C'est tout récent (mi-janvier 2011) : au cours du journal télévisé de 13 heures, sur France 2, dans le cadre d'un reportage sur les alertes données à propos du "Médiator", on a pu entendre une femme médecin, chef de service dans un hôpital, aborder d'un cordial "Bonjour ma Patoche…", sa très proche collaboratrice qu'elle à ensuite présenté comme se prénommant Patricia.

 

[Note-4]

Pour bien faire comprendre ce que j'entends par là, prenons un exemple tiré du même dictionnaire, le premier qui me vienne à l'esprit, par ordre alphabétique : on trouve dans les noms propres le mot "Allemagne", mais il faut chercher "Allemand" parmi les mots d'usage courant avec pour définition "Qui est de l'Allemagne"  ; et le mot s'enrichit de plusieurs sens, de plusieurs genres (substantif et adjectif), devient variable en genre et en nombre en suivant les règles d'accord imposées par notre grammaire.

 

 [Note-5]

Tout comme il est établi que [kanak] est d'origine polynésienne, il est probable qu'il en soit de même de [popine] très proche de [vaine] pour "femme" à Tahiti, ou [fafine] à Wallis.