NOTES

 

1 - À l'appui de cette constatation, les auteurs présentent dans les planches en annexe pas moins de cent quarante trois exemples de motifs cruciformes différents.

 

2 - J'ai lu en effet que selon certaines traditions mélanésiennes la croix entourée du type croix de Lorraine représenterait une "perche à discours" et la croix entourée à quatre branches une "buse en plein vol". Il est bien évident qu'il s'agit là de relectures erronées émanant de personnes qui ignoraient la véritable signification des pétroglyphes mais qui ont "vu" dans certains signes une représentation d'objets ou d'animaux familiers lorsqu'on leur en a demandé le sens, à eux, pour l'unique raison qu'ils étaient nés à proximité et que, à priori, on en attribuait la paternité à leurs ancêtres. Mais a-t-on souvent observé des buses volant par dizaines ? C'est ce qu'il faudrait voir sur la roche de Tchambouène si l'on s'en tenait à cette identification "coutumière" ; dans ce cas cela signifierait que les mœurs des buses, qui sont des prédateurs solitaires, ont bien changé avec le temps, ce qui ne manquerait pas d'intérêt si l'on pouvait d'abord être sûr qu'il y avait des buses en Nouvelle-Calédonie à l'époque où les pétroglyphes ont été gravés.

 

3 - La première véritable carte de la Nouvelle-Calédonie, celle de Cook, a été élaborée à partir de connaissances semblablement lacunaires : le résultat en est que la côte orientale a bien été dessinée à partir d'observations effectivement réalisées tandis que la côte occidentale qui n'avait pas été reconnue, a été figurée par un tracé supposé.

 

4 - Comme c'est le cas de Vanikoro par exemple. Voir également les motifs 93 et 94, planche 23, dans l'ouvrage de référence.

 

5 - Cf. les motifs 10, 20, 31, 51, 62.

 

6 - Cf. les motifs 51, 56, 57, 62, 63.

 

7 - Si l'on transpose mon hypothétique carte pétroglyphique sur les modernes cartes de l’atlas de l'ORSTOM, on s'aperçoit que, aux planches 4 et 10 de cet atlas, élaboré à partir des techniques modernes de représentation cartographique, on trouve à trois reprises le signe de la spirale situé à un emplacement équivalent ; sur la planche 4, la spirale représente une zone anticyclonique, sur la planche 10 il s'agit de dépressions. Il m'a paru intéressant de remarquer que la spirale pétroglyphique "tourne" justement dans le bon sens d’une dépression, c'est à dire dans le sens contraire des aiguilles d'une montre en partant du centre ; c'est l'inverse dans l'hémisphère nord.

 

8 - Cette lacune n'implique pas forcément qu'ils ignoraient ce qui se trouvait loin à l'ouest de l'archipel : évoquons encore en parallèle le cas de Cook qui, en 1774, était dans une situation de connaissances semblable.

 

9 - On peut voir une reproduction photographique de cet objet dans le livre de Bernard Brou, Préhistoire et Société Traditionnelle de la Nouvelle Calédonie, page 75.

 

10 - La cupule entourée, isolée sous la "cuisse" de gauche du personnage M est de nature différente par rapport aux cupules non entourées. J'ai déjà interprété ce signe, lorsqu'il est au contact avec une croix entourée, comme un îlot proche ; isolé, ce peut être un récif remarquable. En plus des significations que j'ai déjà attribuées à l'entourage d'un motif pétroglyphique simple, "zone d'une certaine étendue", "limite entre la terre et l’océan", il me semble très probable qu'il faille voir en premier lieu dans cette marque particulière un trait symbolisant de manière générale l'immobilité (clôture, encerclement, emprisonnement) ; par opposition, l'absence d'entourage (absence de fixation, de contrainte), exprimerait la liberté, le mouvement.

- Un point entouré = un point fixe sur l'océan (îlot, récif) ;

- Un point non entouré = un point mobile sur l'océan (pirogue).

Dans mon hypothèse de lecture il s'agirait donc là d'un îlot ou d'un récif important ; on peut penser à Beautemps-Beaupré ou au récif de la Gazelle.

 

11 - Serait il raisonnable d'envisager que les pétroglyphes de Tchambouène ont été gravés à une époque où le récif occidental n'émergeait pas par suite d'un basculement de la Grande Terre ? Cette hypothèse fondée sur de grands bouleversements géologiques, fort anciens à l’échelle de la durée humaine, ne me semble pas susceptible d'être retenue.

 

12 - Article publié dans la revue Le Tour du Monde, n° 42 et n° 43, des 20 et 27 octobre 1900.

 

13 - Pour les Polynésiens, l'île de Wallis s'appelle "Ouvéa", c'est sans aucun doute parce qu'ils ont touché en premier la plus septentrionale des Loyauté que les migrants wallisiens lui ont donné le même nom qu'à leur île d'origine.

 

14 - Voir notamment sur la question :

- M. J. Dubois, Gens de Maré ;

- B. Brou, Peuplement et Population de la Nouvelle Calédonie (P. 43 et sq. : Le Métissage Mélanésien).

À Ouvéa, on parle deux langues vernaculaires différentes dont l'une est polynésienne.

 

15 - Voir M. J. Dubois : Mythes et Traditions de Maré, Nouvelle Calédonie, les Eletok.

 

16 - Une autre façon de transcrire le nom prétendument donné à la Grande Terre par les indigènes était "Opao", mais il s'agirait d'une méprise : les Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie n'auraient pas eu de nom pour désigner l'île entière et "Ohao", ou "Opao" aurait été le nom du territoire du chef Païma de Balade (Cf. B. Brou : Préhistoire et Société Traditionnelle de la Nouvelle-Calédonie, page 150). Parmi les îles polynésiennes auxquelles je pense, il y a Oahu dans l'archipel d'Hawaii, Hao dans les Tuamotu, Uapou dans les Marquises.

 

17 - Une troisième possibilité,- qui ne change rien au fait qu'il y ait confusion dans les propos de Koudjima en ce qui concerne les situations relatives de l'une par rapport à l'autre de Hahaké et Ohao et dont l'histoire aurait perdu le souvenir,- serait que, méfiants, les émigrants de Hahaké fussent partis dans la direction opposée à celle que leur conseillait de prendre le vieux chef dont ils avaient tué le fils.

 

18 - Les mythes samoans enregistrent également l'existence sur les îles, antérieurement à l'arrivée des descendants de TANGALOA, d'un peuple primitif issu de larves provenant d'une liane pourrie : les descendants de ces "larves" colonisèrent les Tonga où on leur donna des noms d'hommes (d'après P. H. Buck).

 

19 - Toutes les citations de Peter H. Buck (TE RANGI HIROA), sont tirées de son ouvrage Vikings of the Sunrise, dans la traduction française Les Migrations des Polynésiens. Payot, 1952.

 

20 - Dans l'archipel des Tonga existe également un district nommé Hahaké.