CONUS "SUFFUSUS"

[04] Il s'agissait d'une petite brochure comportant notamment la description de ce timbre. Je n'en ai pas conservé la référence mais, quand je l'ai lue, je savais alors depuis longtemps que le cône rose de Bourail n'était pas un CONUS CALEDONICUS. J'ai donc retenu la critique comme bonne, toutefois je soutiens qu'elle est également contestable car se référant au seul Thesaurus Conchyliorum, or monographs of genera of shells, en cinq volumes (1842-1887), dû à la constance de trois Georges Brettingham SOWERBY successifs (le grand-père, le père et le fils portaient même nom et mêmes prénoms) ; c'est à SOWERBY II ou a SOWERBY III, dans le volume édité en 1870, que l'on doit la description et l'acte de baptême du "CONUS SUFFUSUS", comme espèce particulière (Voir ci-dessous la description et l'illustration originale de ce cône par SOWERBY, ainsi que l'illustration colorisée).

 

Ce constat appelle de ma part deux remarques.

 

- D'abord, le choix d'un tel terme pour désigner un cône de couleur rose pâle n'est pas très heureux étant donné que le latin "suffusus" se traduit par "le rouge de la honte" et que lorsqu'il était question de "bilis suffusa", c'est la jaunisse que diagnostiquaient les médecins de jadis ; si c'est à SOWERBY III qu'est dû le choix de ce terme, tout s'explique quand on sait qu'il ne distinguait pas les couleurs, au point que c'est sa fille qui colorisait ses illustrations.

 

- Ensuite, SOWERBY (le père aussi bien que le fils) ne s'étant jamais rendu en Nouvelle-Calédonie, il est évident qu'il n'a pas pu observer l'animal vivant et dans son habitat naturel ; s'il l'avait fait, il aurait pu constater qu'il s'agissait d'une variété du CONUS MARMOREUS à la coquille dépourvue de ses pigments noirs. Or, l'observation de l'animal vivant ne constituait nullement une priorité pour SOWERBY III qui n'était pas naturaliste mais vivait du commerce des coquilles qu'il vendait à des collectionneurs.

 

Ceci étant précisé, sans prétendre manquer de respect au travail des illustres malacologues qu'étaient les SOWERBY, il me semble justifié de soutenir que, fruit évident d'une erreur d'appréciation, "CONUS SUFFUSUS" n'existe pas en tant qu'espèce ; si l'on veut garder le terme, il faut l'employer au niveau inférieur de la "forme" et dire "CONUS MARMOREUS SUFFUSUS", à quoi je préfèrerais personnellement d'autres appellations mieux justifiés telles que, par exemple :

- MARMOREUS PUNICEUS (rose) ;

- MARMOREUS ALBINUS (blanc) ;

- MARMOREUS BOURAILLENSIS (de Bourail, si je ne fais erreur dans la déclinaison) ;

- et pourquoi pas MARMOREUS CALEDONICUS !?

 

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