Ephémérides de la Nouvelle-Calédonie

PRÉSENTATION

 

Voici une chronologie de la Nouvelle-Calédonie s'étendant du 23 septembre 1853, veille de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, au 2 juin 1862, date de l'arrivée à Nouméa de Charles Guillain, premier gouverneur en titre de la Colonie.

Il s'agit là du texte d'un manuscrit intitulé Éphémérides de la Nouvelle-Calédonie que j'ai examiné, en 1978, parmi d'autres documents, à la bibliothèque de l'Archevêché de Nouméa et dont j'ai photographié chacune des vingt-neuf pages avec l'accord du P. Gérard PLASMANN, alors responsable de la bibliothèque et des archives qui s'y trouvaient. Dix ans plus tard, j'en ai dactylographié le texte pour l'intégrer dans la publication N° 42 de la Société d'Études Historiques de la Nouvelle-Calédonie intitulée Six Textes Anciens sur la Nouvelle Calédonie.

 

J'ai reproduit ces Éphémérides aussi fidèlement que le permettait la copie manuscrite ; toutefois, après réflexion, j'ai choisi d'adopter l'usage actuel des majuscules pour retranscrire ce texte, sauf cas particulier des noms propres d'origine océanienne que j'ai toujours recopiés sans modification aucune. Car si le copiste des Éphémérides de la Nouvelle-Calédonie pratiquait une très claire écriture anglaise, il utilisait deux types de majuscules, anglaise et bâtarde, qu'il mêlait avec semble-t-il, un souci de valoriser certains mots et d'en déprécier d'autres en établissant une hiérarchie à trois ou quatre niveaux par le biais des infractions à la règle d'usage ; le résultat est assez anarchique et manque quelquefois de logique : par exemple, entre autres anomalies, il y a des majuscules aux grades à partir de capitaine, pas en dessous, comme il n'y a pas de majuscule à Chine ni à Hyppolite alors que certains noms communs de bateaux sont écrits avec une majuscule (aviso, corvette) et d'autres pas (frégate, transport).

 

L'orthographe est très correcte : j'ai corrigé "goélette" toujours écrit avec un tréma au lieu d'un accent aigu, et seulement trois fautes d'usage (20 janvier 1855, "elle exclue" et "tout promontoires" ; 30 juillet, "donne en ôtages"). J'ai respecté les transcriptions erronées de noms propres lorsqu'elles sont situées antérieurement à une transcription correcte (Berne et Brown le 17 février. 1858, au lieu de Byrne et Brown que l'on trouve plus loin convenablement écrit).

Les lettres "u" et "n" sont toujours très distinctes et sont reproduites sans correction, ce qui fait que nous trouvons par exemple Bondé écrit fréquemment "Boudé" et "Kouanhoa" au lieu de Kouahoua.

D'autres erreurs superficielles s'ajoutant à celles-ci donnent pour vraisemblable que nous sommes en présence d'une copie, mise au propre par un calligraphe, d'éphémérides écrites au brouillon par quelqu'un d'autre qu'il n'arrivait pas toujours à bien déchiffrer.

 

 

Par les précisions apportées à la chronologie assez difficile à bien établir des premières années de la Nouvelle-Calédonie, terre française, par les faits développés concernant les rapports humains de cette époque entre colonisateurs et colonisés lesquels font souvent l'objet aujourd'hui d'hypothèses ou d'affirmations prêtant parfois à controverse, ce document est d'une importance qui n'échappera à aucun lecteur.

On y trouve par exemple quelques compléments d'information venant à l'appui des thèses défendues par François SEMUR dans une étude parue dans le Bulletin de la S.E.H.N.C., notamment la confirmation de la faiblesse des effectifs militaires de la garnison et de "l'humanisme de l'occupation française en Nouvelle-Calédonie" (Cf. le Bulletin n° 73 p.66).

Jusqu'en 1860 en effet, le nombre de militaires stationnés en Nouvelle-Calédonie a été inférieur à deux cents : 187 officiers, sous-officiers et hommes de troupe ou marins sont recensés dans le courant du premier semestre 1860 pour 359 "colons" et 32 "fonctionnaires".

 

C'est en août 1860, quand la relève se fait que les effectifs militaires commencent à grossir et, en juin 1861, avec l'arrivée de la compagnie disciplinaire (291 hommes), les militaires se trouvent au nombre de 798 pour 456 civils (403 colons et 53 fonctionnaires).

De si maigres effectifs témoignent à la fois du caractère purement défensif et précaire de la garnison dont les "colonnes", de l'ordre d'une vingtaine d'hommes le plus souvent, étaient dans l'impossibilité de poursuivre et d'accrocher sérieusement les bandes turbulentes de Koindo, Kandio, Jack et Goumbara qui, de 1856 à 1858 tenaient la brousse autour de Port-de-France. Quand la situation sembla trop grave, il fallut faire appel à un renfort amené de Tahiti,- la 4ème compagnie du 2ème régiment d'infanterie de marine et vingt-cinq hommes d'une compagnie tahitienne,- ainsi qu'aux civils, en créant une garde nationale.

 

Il est à noter par ailleurs que les affrontements connus étaient plus nombreux entre tribus rivales qu'entre indigènes et Européens, ce qui est naturel compte tenu des populations vivant à cette époque dans l'archipel où l'énorme disparité démographique existant entre les deux ethnies amoindrissait considérablement l'importance du fait colonial naissant en regard des rivalités tribales ancestrales, pour ce qui se rapportait à d'éventuels rapports d'hostilité. Bien mieux, par sa seule présence, la petite garnison de Balade conférait au commandant de poste une autorité suffisante pour ramener à plusieurs reprises la paix entre tribus rivales sans qu'il fût besoin pour cela d'effectuer une intervention sur le terrain. Quant aux attaques contre la Mission, contre les colons, les meurtres, les actes de cannibalisme, les incendies criminels, ils ont toujours été châtiés par des expéditions punitives qui se contentaient de brûler villages et récoltes des chefs incriminés, sans chercher à faire de victimes : les indigènes fuyaient, on ne les poursuivait pas, la perte de leurs récoltes était jugée une punition suffisante et l'on estimait qu'ils seraient suffisamment occupés pendant quelques temps à reconstruire leurs cases pour que l'on pût craindre de leur part de nouveaux actes d'hostilité. Beaucoup plus que le fusil du soldat, c'est le casse-tête, la sagaie, la pierre de fronde ou la maladie qui ont fait des victimes en Nouvelle-Calédonie de 1853 à 1862 ; il est intéressant d'observer que le seul affrontement sérieux durant cette période s'est déroulé à Hyenghène, en 1859, que la responsabilité en incombait à des aventuriers anglais qui, après avoir poussé les indigènes à adresser un défi au gouverneur Saisset, les ont excités au combat en leur livrant des fusils et en faisant le coup de feu avec eux contre les Français.

 

L'autorité colonisatrice voulait le calme et souhaitait "civiliser" les autochtones, non les exterminer. Il semble évident qu'elle était fortement imprégnée de pensée humanitaire, influencée par le mythe "rousseauiste" du "bon sauvage" et qu'elle était tout acquise à la volonté des pères maristes d'évangéliser les canaques en manifestant simultanément douceur et charité chrétienne et en montrant la force militaire dont les Français pouvaient disposer tout en évitant de s'en servir autant que faire se pouvait.

Les tribus étant très soumises à leurs grands chefs, ceux-ci étaient seuls tenus pour responsables ; ils étaient arrêtés quand c'était possible (Bouarate) ou remplacés par un petit chef à la tête de la tribu, mis hors-la-loi, recherchés (Jack, Felipo, Kandio, Kouindo). La capture des fauteurs de troubles était toujours le fait de chefs d'autres tribus qui, à la tête de leurs "tayos", les poursuivaient, les livraient, percevaient une récompense et assistaient à leur exécution.

Les motifs d'agression perpétrés par les indigènes que les Éphémérides mentionnent sont connus

- rivalité entre tribus dont les unes se convertissaient au catholicisme alors que d'autres étaient réfractaires ;

- tentation de voler les biens des colons ou des soldats ;

- cannibalisme ;

- crainte d'être dépossédé de la terre.

 

Si dans ces Éphémérides l'accent est surtout mis sur les actes de violence, c'est que l'atmosphère était évidemment imprégnée d'inquiétude mais les débuts de l'implantation coloniale semblaient cependant encourageants car, si leur présence suscitait l'hostilité de certaines tribus, les Français étaient au contraire fort bien acceptés par d'autres avec qui des rapports d'échanges, d'assistance et d'entraide s'établissaient. Port-de-France pouvait grandir et la Nouvelle-Calédonie devenir en 1860 un établissement administré séparément de Tahiti.

 

 

ÉPHÉMÉRIDES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

 

Année 1853

 

23 septembre. M. le C. amiral Febvrier Despointes, embarqué sur l'aviso à vapeur "le Phoque" arrive devant Hynguène et mouille le soir même à Pouhébo.

24 septembre. L'amiral Febvrier Despointes débarque à Balade où il trouve une Mission établie depuis le mois de décembre 1843 à Baiao ; il prend, au nom de la France, possession de la Nouvelle-Calédonie en présence de son état-major, des missionnaires maristes et des chefs des tribus voisines.

26 septembre. L'amiral Febvrier Despointes visite Hynguène et part le 28 pour l'île des Pins.

29 septembre. Prise de possession de l'île des Pins, au nom de la France, par l'amiral Febvrier Despointes, en présence de son état-major, des missionnaires maristes établis dans cette localité et de Vandegou, grand chef de l'île entière qui fait sa soumission.

1er octobre. Départ du "Phoque" de l'île des Pins.

3 octobre. "Le Phoque" mouille à Kanala. Visite de la localité.

4 octobre. "Le Phoque" mouille à Kouanhoa. Visite de la localité.

9 octobre. Retour du "Phoque" à Balade.

8 novembre. Départ du "Phoque" de Balade pour Aroma, après avoir commencé les travaux de construction d'un blockaus ; les indigènes ont constamment aidé les matelots dans l'édification de ce blockaus et des autres bâtiments en apportant des arbres pour la charpente, du corail pour faire la chaux, de la paille pour les toitures, etc...

16 novembre. Retour du "Phoque" à Balade. Il repart pour l'île des Pins le 29 et rentre de nouveau à Balade le 11 décembre.

7 décembre. Arrivée à Balade du "Catinat" venant de Taïti.

28 décembre. Arrivée à l'île des Pins de la corvette à vapeur "le Prony", commandant Brun, capitaine de corvette, venant de Taïti, d'où ce marin était parti le 11 octobre.

30 décembre. "Le Prony" mouille à Balade.

31 décembre. Les missionnaires maristes vendent au Gouvernement français, le terrain sur lequel est établi le poste de Balade.

 

Année 1854

 

1er janvier. Départ du "Catinat" pour Taïti, ayant à son bord M. le C. amiral Febvrier Despointes.

M. l'enseigne de vaisseau Bailly prend le commandement du poste de Balade.

6 janvier. Arrivée de la corvette à vapeur "la Constantine", devant l'île des Pins ; ce navire vient de Chine, son commandant, M. le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, arbore le pavillon français à l'île des Pins.

9 janvier. Arrivée de "la Constantine" à Balade ; "le Phoque" et "le Prony" sont sur rade.

11 janvier. Départ du "Phoque" pour Taïti.

22 janvier. La goélette "le Tanemanou" venant de Taïti, mouille à Balade ; elle apporte deux pièces de canon et un détachement d'artillerie commandé par le lieutenant Bureau.

Le 3 mâts la "Croix du Sud" fait naufrage sur le banc des Français. "Le Prony" cherche inutilement à opérer le sauvetage de ce navire.

23 janvier. Felipo Bouéone, grand chef de Pouma, résidant au village de Baiao, fait sa soumission à la France en présence des états-majors de "la Constantine" et du "Prony".

9 février. Felipo Bouéone donne à ses sujets un code pénal qui est approuvé par M. de Montravel.

15 février.       M. Tardy de Montravel arbore le pavillon français au village de Panie (1) près Pouébo, tribu de Mouélébé.

Le même jour Ouarébat et hyppolite Ronou (2), chefs de la tribu de Mouélébé, donnent à leurs gens un code pénal analogue à celui de Pouma, qui est approuvé par M. de Montravel.

17 février. Fort coup de vent qui sévit dans toute l'île ; "le Tanemanou" fait côte ; on est parvenu plus tard à le renflouer.

1er mars. M. Magen, enseigne de vaisseau, remplace M. Bailly dans le commandement du poste de Balade.

Guerre entre les indigènes de Pouma et ceux d'Arama.

1er mai. M. l'enseigne de vaisseau Aiguillon, remplace M. Magen dans le commandement du poste de Balade.

7 mai. M. Tardy de Montravel arbore le pavillon français à Kalégoué, village principal de la tribu d'Hinguène. Le grand chef Bouarat fait sa soumission à la France.

15 mai. M. Tardy de Montravel arbore le pavillon français à Négrepo, village principal de la tribu de Kanala.

Le chef Aliki-Kaye fait sa soumission à la France.

22 mai. Boula, grand chef de Kouanhoa vient à Kanala faire sa soumission à la France. Arrivée de "la Constantine" au port de St-Vincent.

28 mai. Essai infructueux d'établissement à l'île Ducos par suite du manque d'eau. A partir de ce jour, on cherche un autre point sur la côte Ouest où l'on puisse créer un centre. La chaloupe de "la Constantine" découvre dans les premiers jours de juin la baie de Doumbéa et celle de Morari.

15 juin. Arrivée de "la Constantine" dans la baie de Doumbéa ou Nouméa.

23 juin. M. Tardy de Montravel arbore le pavillon français sur le territoire de Aoulemba.

1er juillet. M. l'enseigne de vaisseau Savary remplace M. Aiguillon dans le commandement du poste de Balade.

16 août. Les grands chefs Kouindowa ou Koindo de la tribu de Nouméa, et Kandio de la tribu de Morari (ce dernier venu exprès à Nouméa) font leur soumission à la France en présence de M. de Montravel et de l'état-major de "la Constantine". On travaille à la construction du fort de Constantine ; le terrain environnant est destiné à servir d'emplacement à une ville que M. de Montravel nomme Port-de-France.

3 septembre. Départ de "la Constantine" pour Sydney.

17 septembre. Felipo, chef de Pouma, détruit les villages d'Ameutt et d'Ouédjiep, dont les habitants avaient menacé les gendarmes indigènes qui voulaient, conformément au code octroyé, arrêter un des leurs, coupable d'avoir lancé une pierre à un matelot.

1er octobre. M. l'enseigne de vaisseau Bailly remplace M. Savary dans le commandement du poste de Balade.

8 octobre. Retour de "la Constantine" à Port-de-France.

31 octobre. Départ de "la Constantine" pour Macao où elle est rappelée. M. Tardy de Montravel laisse en partant les travaux du fort Constantine en bonne voie d'exécution.

Le détachement d'ouvriers d'artillerie, sous les ordres du lieutenant Bureau, prête un concours empressé aux matelots.

1er novembre. Felipo attaque et brûle Pavouri, à la côte de Mahama.

Décembre. Guerre entre les tribus de Koumac et de Boudé.

 

Année 1855

 

1er janvier. M. l'enseigne de vaisseau Magen prend le commandement du poste de Balade en remplacement de M. Bailly.

5 au 7 janvier. Expédition du "Prony" contre les indigènes qui ont massacré l'équipage d'une baleinière anglaise allant de Balade à Nouméa.

18 janvier. Arrivée à Port-de-France de la corvette "l'Aventure" et de l'aviso à vapeur "le Duroc". "L'Aventure" amène le gouverneur, M. le Comte du Bouzet, capitaine de vaisseau, M. le chef de bataillon Testard, commandant particulier de la Nouvelle-Calédonie, la 33ème compagnie d'infanterie de marine, capitaine Goût, lieutenant Vesque, sous-lieutenant Touroude, M.M. Conneau, agent de colonisation, Bouquet de la Grye, ingénieur hydrographe, Coffyn, chef de bataillon du génie, Petit Jean, Roget, écrivains de marine, etc..., M. Berard, ex sous-commissaire ayant formé le projet de s'établir dans la colonie ; tous venant en dernier lieu de Taïti.

20 janvier. Décision du gouverneur relative aux titres de propriété et concessions de terre en Nouvelle-Calédonie. Cette décision établit, dès les premiers jours de l'occupation réelle du pays, les droits de souveraineté, conformément aux principes du droit international ; elle permet aux colons sérieux et entreprenants qui, antérieurement à la prise de la possession, ont fondé en Nouvelle-Calédonie des établissements permanents, de les traiter d'une manière équitable ; elle nomme une commission pour examiner les titres de propriété de ces colons et pour leur faire délivrer un titre définitif ; enfin elle exclut des concessions et réserve pour le Gouvernement français tous promontoires, baies, îles et parties de territoire qui peuvent être un jour nécessaires à la défense du pays, ou choisis, comme emplacement, pour fonder une ville.

La ration de marin est accordée à tous les employés militaires et civils.

22 janvier. Interdiction de tout commerce d'armes et de munitions de guerre.

24 janvier. Arrivée de "la Sarcelle".

Voyage d'exploration à la côte Est, du gouverneur, sur "le Prony".

27 janvier. M. Conneau est désigné pour remplir à Port-de-France les fonctions de capitaine de port.

28 janvier. 12 pirogues des Nénémas attaquent les gens de Tiari, au secours desquels vole la tribu de Pouma.

3 février. "Le Duroc" mouille à Balade. M. le lieutenant Vesque prend le commandement de ce poste ; il a sous ses ordres 20 hommes de l'infanterie de marine (1 sergent, 1 caporal, 1 clairon, 1 sapeur et 16 soldats).

13 mars. Arrivée des premiers colons à Balade sur le brick autrichien "Splendido", allant de Sydney en Chine ; ce sont les nommés Jeannin, Roua t, Danet, Raymond, Félix Collet, Dolle, etc...

L'établissement de ces colons excite les premières défiances des naturels qui craignent qu'on ne les dépossède de leurs terres.

30 mars. Concession pour cinq années d'une partie de l'île Nou au sieur J. Paddon, à dater du 1er avril 1855 ; cette concession est motivée par des services rendus lors de la prise de possession, en introduisant du bétail sur la côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie, et en signalant un des premiers l'existence de mines de charbon de terre à Boulari. M. J. Paddon avait déjà construit un établissement sur l'île Nou, comme dépôt pour le bois de sandal et autres marchandises.

8 au 10 avril. Fort coup de vent.

10 avril. Organisation judiciaire dans la Nouvelle-Calédonie. L'ordonnance du 28 avril 1843 est rendue applicable.

14 avril. Création d'un tribunal de 1ère instance à Port-de-France.

21 avril. Vol commis à Balade par des indigènes au préjudice du colon Félix Collet ; c'est le point de départ de difficultés nombreuses avec le grand chef de Pouma, Felipo Bouéone.

La guerre éclate à Puébo par suite de la rivalité qui existe entre le grand chef Ouarébat qui nous est sourdement hostile et le second chef hypolite Bonou, dévoué à la Mission et aux Français.

28 avril. Naufrage de "l'Aventure" à l'île des Pins, sur les récifs qui sont près de la côte, au nord de Gadji.

18 mai au

14 juin. Voyage d'exploration du gouverneur à Balade et à la côte N.O. sur "le Duroc" ; au retour M. le Comte du Bouzet rentre en France par Taïti où le conduit "le Duroc", par suite du naufrage de "l'Aventure".

28 mai. Par suite des difficultés de la position, le supérieur des Missions catholiques se décide à retirer provisoirement les missionnaires de Balade. Création de la réduction de Conception et de St-Louis ; on y transporte les indigènes de Balade, Pouébo et Touo qui y construisent trois villages auxquels ils donnent le nom des localités d'où ils viennent.

30 mai. Sous le prétexte le plus futile, le grand chef de Pouma veut faire la guerre aux villages de Odombouane et Tiari ; le commandant du poste de Balade s'y oppose ; démêlés à ce sujet, attitude hostile de Felipo et de ses gens.

2 juin. Le R.P. Montrouzier, missionnaire mariste, est nommé curé de Port-de-France.

25 juillet. Les officiers et l'équipage de "l'Aventure" partent pour France à bord du trois-mâts barque anglais "la Sultane".

Août. Attaque de la Mission de St-Louis par le chef Kouindo, à la suite de laquelle on abandonne cet établissement ; un poste militaire est créé à la Conception pour la sûreté des missionnaires et de leurs néophytes.

Mort de Vandégou, grand chef de l'île des Pins ; les missionnaires désignent pour lui succéder, sa fille Kanédio, enfant en bas âge.

Des naturels de l'île Ouin, dépendance de l'île des Pins, ayant été mangés chez les Touarous, une pirogue est expédiée de l'île Ouin pour réclamer satisfaction ; son équipage a le même sort ; la guerre s'ensuit entre les gens de l'île des Pins et les Touarous.

Septembre. Guerre entre Pouma et Arama.

Octobre. Guerre entre Hyenguène et Pouébo ; les naturels de Belep et de Nénéma viennent au secours de Pouébo ; les hostilités se prolongent jusque dans le mois de janvier 1856.

9 octobre. Arrivée de la corvette "la Prévoyante", commandant M. Laurent, lieutenant de vaisseau, venant de Taïti, avec M.M. Duhamel, aide-commissaire, Astruc, garde du génie et Vieillard, chirurgien auxiliaire de la marine.

30 octobre. Décision qui confirme au nouveau centre de population formé sous l'égide de la Mission catholique à un myriamètre de Port-de-France, le nom de Conception.

31 octobre au

2 décembre. Le commandant Testard fait une excursion sur divers points du littoral de la colonie, sur "la Prévoyante".

7 novembre. Raymond et Félix Collet, colons français établis à Balade sont victimes d'un incendie allumé par les naturels. Vols nombreux pendant tout ce mois, commis par des indigènes de Pouma, au préjudice de la troupe et des colons. Le chef Felipo se refuse à livrer les coupables, puis il se révolte ouvertement.

31 décembre. Première organisation du service administratif.

 

Année 1856

 

1er janvier. Le R.P. Frémont nommé curé de Port-de-France en remplacement du R.P. Montrouzier qui est dirigé sur Belep pour y fonder une Mission catholique.

14 février. Départ de "la Sarcelle" pour Taïti, avec M. Duhamel. Reprise des hostilités entre Hyenguène et Pouébo.

Mars. Sept colons français établis à Kanala partent de ce point à la recherche de gîtes aurifères ; ils se dirigent par terre sur Balade ; ce sont les nommés : Granet, Baronnet, Le Duc, Le Clerc, Comina, Caille et Abribat. Ils sont assassinés par les indigènes de Ouaïlou. Abribat seul est épargné ; les indigènes lui conservent la vie pour qu'il soigne les armes à feu prises à leurs victimes, et qu'il leur en enseigne l'usage.

Cet homme réussit à s'enfuir pendant la nuit et, après avoir erré pendant deux jours, il arrive dans une tribu où il fait la rencontre d'un aventurier anglais qui le conduit, après deux autres jours de marche, à la Mission catholique de Ouagap.

Abribat ayant perdu la raison n'a pu donner de renseignements.

26 mars. Arrivée à Balade du kutter anglais "Katé" qui a été attaqué par les indigènes de Koumac.

Fin mars. Fête de l'inauguration de l'établissement de la Conception.

24 mai. Arrivée de la corvette "la Bayonnaise" et des transports "la Moselle" et "l'Infernal" venant tous trois de Taïti, avec M.M. Foucher, aide-commissaire et Latour, chirurgien auxiliaire de la marine.

25 mai. Prise du commandement de M. Lebris, capitaine de corvette commandant "la Bayonnaise", comme commandant supérieur de la Nouvelle-Calédonie.

1er juin. Fixation des limites de la ville de Port-de-France.

25 juin au

22 juillet. Le commandant Testard fait le tour de l'île sur "la Bayonnaise" et installe M. Vieillard comme chirurgien au poste de Balade. Il profite de cette tournée pour faire une expédition contre Ouaïlou afin de venger le meurtre des six colons. Les gens d'Aliki-Kaye, grand chef de Kanala, nous servent d'auxiliaires, leur chef en tête ; plusieurs villages sont brûlés.

Pendant ce voyage autour de l'île, les gens de Jack Retié et de Kandio assassinent l'Aliki-Kari, père de Maké, chef de la tribu de Morari ; ils ont donné pour prétexte l'enlèvement d'une de leurs femmes, mais la cause réelle de ce meurtre est la cession d'une partie de ses terres faite par le père de Maké à des Français, à M. Bérard entre autres (3).

Cet assassinat est le point de départ des mouvements hostiles des indigènes qui s'enhardissent de jour en jour et ne craignent pas de nous affronter. Leurs principaux chefs sont Kouindo, Kandio, Jack (Rétié) et Goumbara.

La fin de cette année et les années 1857 et 1858 sont employées aux expéditions contre eux (4), tant dans la presqu'île de Nouméa que sur le territoire environnant. Les renseignements sur ces nombreuses expéditions manquent à peu près complètement.

8 août. Nomination d'un huissier provisoire (le gendarme Macé).

3 octobre. Arrivée du transport "la Provençale", commandant Martin, lieutenant de vaisseau. Débarquement de M. Liéby, lieutenant d'artillerie et de la 2ème compagnie d'infanterie, capitaine Arnaud, lieutenant Chassériau, sous-lieutenant de Malherbe.

7 octobre. M. le lieutenant Chassériau va prendre le commandement du poste de Balade, en remplacement de M. Vesque nommé capitaine. Ce dernier est de retour à Port-de-France le 18 octobre. Ce relèvement a été effectué par la goélette "Tapé M'anou".

20 octobre. Colonne mobile qui fait une expédition vers Païta à la poursuite des naturels dont l'audace croissante se manifeste par des vols nombreux.

28 octobre. Départ de "la Caravane" qui ramène en France la 33ème compagnie d'infanterie de marine.

3 novembre. Le chef Kouindo projette d'attaquer l'établissement de Port-de-France. Les indigènes sont divisés en plusieurs colonnes destinées à diverses attaques qui auront lieu simultanément. Une d'elles rencontre des colons qui rentraient chez eux dans la vallée de l'Infanterie et les tue, puis elle met le feu à leurs cases. La lueur de l'incendie donne l'éveil et l'attaque projetée avorte. Les victimes ont été les nommés Stroubes, Pierre Pristielle, Jacques Garré, Alexandre, Expert-Pierre. Le nommé Reydet Alexis a été assassiné au même endroit par les indigènes, le 14 novembre suivant.

Le chef Kouindo se réfugie chez les Touaourous.

Expédition de 50 hommes commandés par M. le chef de bataillon Testard, contre les Touaourous.

22 au

23 novembre. Le commandant du poste de Balade poursuit Felipo pour ses méfaits. Il brûle les cases de ce chef.

24 novembre. Révocation du grand chef de Pouma Felipo, Goa ou Mouéo, second chef, est nommé à sa place par le lieutenant commandant le poste de Balade.

Défense à tous les chefs du pays de donner asile à Felipo.

 

Année 1857

 

2 janvier. Concession de 136 hectares de terre à Boulari, faite à la société Vial d'Aran, Bérard et Cie.

8 janvier. Expédition au Diahot par le commandant du poste de Balade ; les chefs du Diahot, Boula et Toé ayant accueilli Felipo, et détruit les plantations de nos alliés de Ouombouane. On brûle plusieurs villages et les cultures sont ravagées.

12 janvier. Le grand chef Teama de Gomen, conduit par le Mouéo de Balade, vient faire sa soumission à la France, devant le lieutenant commandant le poste de Balade.

13 janvier. Très fort coup de vent.

19 janvier. Assassinat à Boulari de M. Bérard, de onze autres colons français et de quinze indigènes catholiques employés par ces habitants. Ces assassinats ont été commis par les gens de Kouindo et de Rétié dit Jack ; le chef Maké qui avait connaissance du complot, s'éloigna ce jour-là du pays, n'osant pas y prendre part.

Voici les noms des colons français assassinés dans cette circonstance : Bérard Louis, Majastre Achille (5), Majastre Germain, Quéré Nicolas, Sénéchal Alain, Bunel Louis, Bébeillé Jean, Tapie Jean-Michel, Botorel Martin, Laurent Alphonse, Carère père et Carère fils.

Plus tard, Jack (Rétié) a déclaré que l'assassin de Bérard sur le cadavre duquel on s'était acharné, était un nommé Dogoé de la tribu des Touaourous ; Kandio, au contraire a déclaré que Bérard avait été tué par Jack lui-même.

De janvier

à juin. Nouvelle guerre entre les tribus d'Arama et de Nénéma. Les Nénémas ayant commis un assassinat à une fête (Pilou-Pilou) donnée par les gens d'Arama.

18 février. Arrivée de "l'Hérault" venant de Taïti. M. Panchet, botaniste, débarque pour servir la colonie.

Assassinat par les naturels Benoît et Catherine (6) du matelot, gardien du sémaphore ; par suite, on construit en un mois, un blockaus en pierre pour remplacer la case en paille qui avait été jusqu'alors le seul abri du surveillant.

15 mars. Départ de "l'Hérault" pour Taïti.

Avril. Établissement d'une mission catholique à Ouvéa, (îles Loyalty).

5 mai. Arrivée de l'aviso à vapeur "Styx", ayant à bord M. le gouverneur Comte du Bouzet, et un détachement de 29 hommes de la 3ème compagnie d'infanterie de marine, lieutenant Decheverry.

Du 20

au 25. Expédition de 100 soldats et de 8 indigènes, sous les ordres du gouverneur et du commandant particulier, contre Kouind . Départ le 20 à 3 heures du matin. Débarquement à la rivière de Dumbéa. On se rend à Timeti, grand village de Kouindo, qu'on brûle ; puis, en poursuivant ce chef, on pénètre jusqu'à Tagouin, village appartenant au chef Teteina, dit Waton, qui devient de ce jour notre allié.

La colonne expéditionnaire embarque à Ouitoé le 25 pour rentrer à Port-de-France.

26 mai. Création d'une compagnie d'indigènes.

27 mai. Le lieutenant d'infanterie Decheverry remplace l'enseigne de vaisseau Rochebrune dans le commandement du poste de Conception.

1er juin au

7 juillet. Règlement sur les concessions de terre.

2 juillet. Départ du "Styx" pour Sydney, avec M. Conneau, agent de colonisation qui quitte la colonie.

5 juillet. Arrivée du transport "l'Infatigable" venant de Taïti.

21 juillet

au 12 août. Voyage autour de l'île du gouverneur M. le Comte du Bouzet, sur "le Styx".

30 juillet. Le chef Kouindo donne en otage, comme garantie de sa soumission, ses fils Poaïta, Baaé, et son neveu Kaapeta.

2 août. À son passage à Balade, le gouverneur approuve la révocation du grand chef Felipo, et confirme la nomination de Goa qui a été désigné comme son successeur.

10 août. Combat entre les gens du petit et du grand Diahot ; Boula, chef du grand Diahot, est tué dans la lutte. Le lieutenant commandant Balade donne l'ordre de cesser les hostilités ; il est obéi.

14 août. Arrivée du transport "la Provençale", avec la 1ère compagnie d'infanterie de marine, capitaine Debien, sous-lieutenant néant, et M.M. Michel et Beitz, gardes du génie.

2 septembre. Départ de "la Provençale" pour Taïti, avec M. Astruc, garde du génie.

9 septembre. Une pirogue envoyée de Wagap par les R.R.P.P. de Pouébo, s'arrête à Hyenguène (7) où elle est attaquée par Bouarat et ses gens ; quelques amis des voyageurs les défendent, combat à cette occasion, plusieurs blessés, un petit chef tué ; la pirogue peut continuer sa route.

Hyenguène est signalé depuis longtemps comme un foyer d'intrigues contre les Français. Des résidents anglais, aventuriers de la pire espèce, tout puissants sur l'esprit de Bouarat, l'excitent contre nous.

24 septembre. Arrivée de l'aviso à vapeur "le Milan", commandant M. de Péralo, capitaine de frégate.

Le colon Raymond allant en pirogue, avec quatre naturels, de Balade à Port-de-France, est attaqué dans la baie de Ouinné (baie de la rencontre), tribu de Pouretti, tué et mangé, ainsi que deux de ses hommes ; les deux autres peuvent s'enfuir et rentrent à Balade.

Assassinat de 4 indigènes d'Arama-Tiari par les gens de Boudé qui leur ont tendu une embûche sur la route du petit Diahot. Les victimes sont dévorées. Par suite, une guerre entre ces diverses populations.

Mort de Maké, l'un des chefs indigènes qui nous étaient hostiles.

13 octobre. Institution d'une justice de paix à Port-de-France. M. le Capitaine de Rieu, premier juge de paix.

24 octobre au

20 novembre. Voyage du "Tapé Manou" sur la côte Est de la colonie avec le R.P. Popinel (île des Pins, Pouébo et Balade).

25 octobre. Concession de 200 hectares de terrain aux héritiers de M. Bérard massacré par les indigènes de Boulari. Donation aux mêmes du terrain de ville N° 65.

27 septembre. Expédition de M. le commandant Testard sur "le Milan" 1° au canal de Wooddin ; 2° au port Boité (8) où se trouvent des naturels des Touaourous ; 3° à la baie d'Ouinné, ou de la rencontre, pour venger les meurtres de Raymond, etc... Dans les deux localités les populations s'enfuient à notre approche.

8 novembre. Enlèvement de Bouarat à Hyenguène par M. le commandant le Bris, de "la Bayonnaise". Ce grand chef contre lequel l'autorité avait de trop justes griefs, est déporté plus tard à Taravao (Taïti).

30 novembre. Création du service cadastral.

Établissement des registres de l'état-civil à Port-de-France. M. Raget, commis d'administration, premier officier de l'état-civil.

10 décembre. Noms donnés aux diverses rues de Port-de-France pour perpétuer le souvenir de services rendus dans la Nouvelle-Calédonie.

15 décembre. Concession gratuite à la Mission catholique des terrains de Conception (Paé) et de St-Louis (Nouou-Koué) sur la côte nord de la baie de Boulari ; cette concession de 3200 hectares environ, est limitée au sud par la mer, à l'ouest par la rivière des Français (Yaoué ou Bouage) et la ligne des crêtes élevées reliant le Pont des Français au piton dit le Chapeau ; au nord par la ligne des crêtes élevée reliant le Chapeau à Nokouia, à Naughéto et à l'embouchure de la rivière de Boulari.

 

Année 1858

 

5 janvier. Le commandant du poste de Balade (9) se rend à Tiari où il a convoqué les chefs de Boudé, Arama, Koumac et Nénéma pour mettre fin aux hostilités entre eux. Le chef des Nénémas manque au rendez-vous.

8 janvier. Arrêté sur le cadastre.

4 février. Départ de "l'Infatigable" pour Taïti, avec le chef Bouarat qui est interné à Taravao (Taïti).

8 février. Coup de vent très fort, surtout à Kanala.

17 février. Décret impérial accordant une concession de 40 000 hectares de terre en Calédonie à M.M. Berne et Brown, moyennant un versement de 250 000 francs à effectuer en France. M.M. Berne et Brown ont demandé à substituer à leurs noms ceux de M.M. Kinchener, Eldret et Manning.

6 mars. Arrivée du "Railleur" venant de France, commandant Lebleux lieutenant de vaisseau.

9 mars. Départ du "Milan" pour Taïti avec M. le gouverneur Comte du Bouzet.

Deux indigènes assassinent le régent de l'île des Pins ; ils sont livrés, sur sa demande, à l'autorité supérieure, l'un a été tué en voulant s'échapper, l'autre a été déporté à Taïti.

Du 27 mars

au 7 avril. Le commandant particulier fait le tour de l'île sur "le Styx", il installe à Lifou (îles Loyalty) la Mission catholique qui vient d'être créée.

Avril. Le chef Kouindo, suspecté par ses gens depuis sa soumission aux Français, est surpris dans une case et tué par quelques uns des siens.

14 mai. Arrivée de "la Provençale" venant de Taïti.

Du 23 au 24. Expédition contre Mouendine par le lieutenant commandant le poste de Balade. Le chef de cette localité dépendant de Bondé menaçait continuellement les Français et les gens de Balade ; ces derniers n'osaient plus se rendre à leurs plantations. Un tel état des choses était devenu intolérable. Goa et ses gens assistent la troupe dans cette expédition. Mouendine est attaqué et brûlé, le chef tué ; les plantations sont ravagées.

28 mai. À la suite de cette expédition le Teama de Bondé demande la paix et l'obtient.

29 mai. Attaque de Cengouma (Gonégoen) par "la Bayonnaise" et le détachement du sous-lieutenant Villegeorges ; le village est brûlé ; quelques indigènes sont tués ; les habitants se réfugient à Pouaye.

30 mai. Le sous-lieutenant Villegeorges, avec ses hommes, remonte la rivière de Pouaye, chef Kaoua, et brûle ce village sans rencontrer de résistance.

1er juin. Le lieutenant Chassériau est relevé au poste de Balade par le sous-lieutenant Villegeorges ; le détachement est porté à 35 hommes.

21 juin. Départ de la corvette "la Bayonnaise" pour Taïti. Tournée des missions de Tonga-Tabou et des Wallis. M. Bouquet de la Grye (10), ingénieur hydrographe, part sur ce navire qui touche Sydney ; il rentre en France par la voie anglaise.

Le Teama de Bondé, après un voyage à Pouébo, se présente au poste de Balade accompagné de quelques uns des siens et des chefs de Pouébo. Il renouvelle sa soumission.

2 juillet. Le jeune Téa, fils de Bouarat, vient à la Mission de Pouébo ; il prie les missionnaires d'intercéder auprès du Gouvernement français pour obtenir la grâce de son père.

16 août. Les chefs de Lifou ayant manifesté le désir de voir l'introduction du bétail dans leur île, on leur donne un petit taureau, une vache et un veau. Ces animaux sont embarqués le 16 août sur "le Styx".

23 août. Décret impérial portant concession des mines de charbon de terre de Boulari, et de 500 hectares de terrains à M. Darnaud Ernest, capitaine au long cours.

2 octobre. Retour de "la Bayonnaise" de Taïti à Port-de-France, amenant le gouverneur M. le Comte du Bouzet, et M. le capitaine du génie Roussel.

25 octobre. Nomination de deux commissaires priseurs.

26 octobre. Départ du gouverneur, M. le Comte d u Bouzet pour la côte d'Amérique, sur "la Bayonnaise". Arrivé à Valparaiso, M. du Bouzet prend la voie anglaise pour se rendre en France. Le commandant particulier Testard prend le commandement intérimaire de la colonie.

12 décembre. Concession d'un terrain rural de 4 000 hectares accordé à M. J. Paddon. Ces terres en partie exploitées déjà par le concessionnaire sont prises dans les bassins réunis des deux rivières Kari-Kouyé et Katiramonou (tribu de Kemba) avec une bande étroite de terrain allant jusqu'à la baie de la Dumbéa. Cette concession forme l'établissement dit de Païta.

16 décembre. Incendie de l'église de Pouébo, causé par la malveillance de certains indigènes ; l'ex-chef Felipo en est l'instigateur.

18 décembre. Le commandant du poste de Balade se rend à la tête de 25 soldats à Boudé, pour réclamer l'indigène Chan-Ouagne, l'un des incendiaires de l'église de Pouébo.

Le chef de Boudé le lui remet sans difficulté. Le coupable déclare avoir agi à l'instigation et par suite des menaces de Felipo, l'ex-chef de Pouma, de Coigni, frère de Bouarat et de quelques autres personnages d'Hyenguène et de Wagap. Chan-Ouagne a été déporté plus tard à Taïti.

19 décembre. Concession d'un terrain rural de 4 000 hectares environ accordée à M. Joubert. Cette propriété destinée, d'après les vues du concessionnaire, à former une habitation sucrière est située sur la rive gauche de la rivière de la Dumbéa et sur la baie de Koutio-Kouéta (tribu de Nakoué), elle forme les deux habitations dites de Koke (11) et de Koutio-Kouéta.

20 décembre. Don d'une vache avec son veau femelle et d'un jeune taureau au chef Titéma (Waton).

21 décembre. M. le commandant Testard, partant pour France par voie anglaise, remet le commandement intérimaire de la colonie à M. Roussel, capitaine du génie (ordre de M. le gouverneur du Bouzet).

M. Le commandant Testard, partant pour France, se rend de Port-de-France à Sydney.

30 décembre. Hyppolite Bonou, chef de Pouébo, s'empare de Felipo, l'ancien chef de Pouma ; il le livre le jour même au lieutenant commandant le poste de Balade qui va le chercher à Pouébo, à la tête de 25 hommes. Felipo, coupable d'un grand nombre de méfaits, et en dernier lieu de l'incendie de l'église de Pouébo, est fusillé vers 6 heures du soir en présence de ses anciens sujets qui célèbrent pendant la nuit la fête des morts.

C'est dans le courant de cette année que le grand chef de Kanala, Aliki-Kaye est décédé. Son fils Kaké lui succède.

 

 

Année 1859

 

 

1er janvier. Le traité Brown et Byrne est annulé le cautionnement de 250 000 francs n'ayant pas été versé en France et personne ne s'étant présenté en Calédonie pour son accomplissement.

5 janvier. Concession à M.M. Launoy et Bourgoing d'un terrain rural de 500 hectares, situé depuis la montagne dite l'échelle de Jacob, jusqu'aux crêtes des collines dont les eaux se déversent dans la baie de Dumbéa, en arrière de Gadji (tribu Rembo).

15 mars. Dans la nuit du 15 ou 16 mars, fort coup de vent.

24 mars. Arrivée sur le navire de commerce "le Solide" venant de Sydney, de M. le chef de bataillon Durand, commandant particulier de la Nouvelle-Calédonie, venu de France à Sydney par le Bec d'Ambez de Bordeaux.

22 mai. Arrivée du transport "la Provençale" venant de Taïti, et ayant à son bord M. le gouverneur Saisset, son état-major, divers employés et fonctionnaires, la 4ème compagnie du 2ème régiment d'infanterie de marine et une compagnie de 25 Taïtiens, commandés par le Taruru, chef de Hapapé.

Arrivée de "la Calédonienne" commandée par M. le lieutenant de vaisseau Jacquemart, venant de France.

24 mai au

20 octobre. Dépêches ministérielles décidant que les services accomplis en Nouvelle-Calédonie du 20 octobre 1856 au 1er janvier 1859, donnent droit aux bénéfices de campagne de guerre.

25 mai au

17 juin. Nouvelle interdiction du trafic des armes et des munitions.

25 mai. Départ de Port-de-France du gouverneur et des expéditionnaires pour la campagne du Sud. Établissement du camp des Français.

26 mai au

15 juin. La marche du corps expéditionnaire continue.

Établissement des camps de St-Louis, Morari, Bérard et des Ploums.

29 mai. Arrêté reconstituant les diverses administrations et les tribunaux de la colonie.

31 mai. Répartition du personnel de la gendarmerie

1° Brigade de sûreté de la ville de Port-de-France,

2° Brigade à cheval du camp des Français (12),

3° Brigade de St-Louis.

1er juin. Constitution de la commune de Port-de-France, et promulgation du code Napoléon dans la colonie.

La commune de Port-de-France comprend toute la presqu'île dans la limite ci-après : du côté du Pont-des-Français jusqu'à la limite de la concession des Missionnaires (Conception) ; depuis la mer jusqu'à son intersection avec le Pont-des-Français ; du Pont-des-Français au point le plus près du fond de la baie de la Dumbéa, en tirant une ligne droite dont le tracé sera porté sur le plan par les soins de la direction du génie.

Une commission scientifique instituée le 31 mai par le gouverneur, entre en fonctions ; elle est composée de membres titulaires et de membres adjoints. Membres titulaires : M.M. Lombardeau, capitaine d'artillerie (géologie) Adam Kulczycki (topographie et observatoire) Bourgarel, chirurgien de marine (ethnographie) Desplanches (histoire naturelle) Pancher (botanique). - Membres adjoints : Roussel, capitaine du génie (direction des travaux devant faciliter les explorations et étude des moyens d'exploitation), Michel, conducteur des ponts et chaussées (topographie).

8 juin. Le R.P. Montrouzier, nommé curé de Napoléonville.

10 juin. Expropriation des tribus de Yack (Bétié), Kandio, Massé (13), Ploumb et Touarou de leurs territoires respectifs et comme auteurs et complices du massacre du 19 janvier 1857; la tête des chefs est mise à prix.

15 juin. Arrêté interdisant aux naturels le port d'armes offensives.

Réunion de la commission scientifique.

Condamnation par le tribunal de 1ère instance du capitaine de goélette anglaise "le Brunswick" à 1 000 francs d'amende et aux frais, pour avoir fait avec les indigènes le trafic d'armes et de munitions de guerre. Le capitaine avait en outre manifesté l'intention de prendre à son bord les chefs (14) Kandio, Jack et Maké, dont la tête a été mise à prix.

Du 17 juin au

1er juillet. Expédition des lacs d'Ounia et de Yaté chez les Touarous. Les chefs Dam, de Yaté, et Kati des Touarous et Makanaki d'Ounia font leur soumission. Ils promettent de ne donner aucun refuge à Jack (Bétié) et Kandio, les assassins de Bérard et de ses compagnons.

25 juin. Constitution du corps municipal de Port-de-France. M.M. Coudelou, maire, Bouillaud et Mounet adjoints.

1er juillet. Création d'une compagnie de garde nationale. M.M. Bourgoing, capitaine ; Puys, lieutenant ; Bezin sous-lieutenant.

6 juillet. Embarquement en rade Yaté du corps expéditionnaire et du gouverneur, sur "le Styx ", à destination de Kanala. Séjour du corps expéditionnaire à Kanala.

10 juillet. M. Pannetrat, nommé juge de paix à Kanala.

8 août. La commission scientifique embarque à Port-de-France sur "le Styx", à destination de Kanala. Séjour du corps expéditionnaire à Kanala.

12 août. Création de la ville de St-Louis, au fond de la rade de Morari (restée en projet).

Création de la ville de Napoléonville, la réduction établie à cinq kilomètres de Napoléonville et placée au centre des villages de la tribu, conservera le nom de Kanala.

M. Desrousseaux, enseigne de vaisseau, nommé commandant particulier de Napoléonville.

15 août. Arrivée du "Styx" à Balade, pour effectuer l'évacuation du poste, évacuation décidée en France.

19 août. Le détachement de Balade est embarqué sur le Styx", ainsi que 43 indigènes qui se sont compromis aux yeux de leurs compatriotes en embrassant notre cause.

22 août. Départ de "la Provençale" pour la Nouvelle-Zélande, débarquement du détachement de Balade à Kanala. Ce détachement est placé sous les ordres du commandant particulier M. Desrousseaux.

28 août. Le chef Tétéma, dit Waton, conduit à Port-de-France le chef Kandio, l'un des assassins de Bérard, et les indigènes Benoît et Catherine assassins du matelot gardien du sémaphore. Il les a pris dans une excursion qu'il a faite derrière la rivière de Dumbéa (Ouaka). Il s'était aussi emparé du chef jack (Bétié) qui a réussi à s'échapper.

29 août. Kandio, Benoît et Catherine sont fusillés, après constatation de leur identité. Le chef Waton, qui les a livrés, reçoit une récompense de mille francs.

30 août. Le gouverneur et le chef du corps expéditionnaire partent de Kanala pour Hyenguène dont les indigènes ont envoyé un défi à M. Saisset. Hyenguène d'ailleurs est un foyer de complot contre la France. Les troupes sont transportées par l'aviso "le Styx" et la goélette "la Calédonienne".

1er septembre. Arrivée et débarquement à Hyenguène du corps expéditionnaire. Commencement immédiat des opérations militaires.

2 septembre. Combat très vif ; le capitaine Tricot de la 4ème compagnie d'infanterie est tué en opérant un mouvement qui assure le succès de la journée.

4 et 5

septembre. Installation du camp de Hyenguène. Le soldat Bauville meurt des suites des blessures reçues dans le combat du 2 septembre.

5 au 8

septembre. Reprise des hostilités ; destruction de Kalégone et des autres villages avoisinants.

8 septembre. Après un jugement sommaire, trois Anglais : Frédéric Williams, Samuel Bailey et Williams Billy, dit Smith, faits prisonniers en combattant avec les gens de Hyenguène, sont fusillés.

10 septembre. Arrêté qui expulse du territoire de la colonie les nommés : John d'Hyenguène, Long Jack, Jack dit le Calédonien, Baumann dit le Bancal et Paul, tous d'origine anglaise et résidant habituellement à Hyenguène. Ces hommes ont été vus combattant avec l'ennemi ; leur arrestation entraînera la peine de mort.

Retour à Kanala du corps expéditionnaire.

14 au 18

septembre. La colonne expéditionnaire se dirige de Kanala sur Ourail, en traversant l'intérieur du pays, après une marche de 4 jours ; elle s'embarque à Ourail pour Port-de-France.

15 septembre. Tarif des droits à percevoir par le courtier interprète.

19 septembre. Retour à Port-de-France de la colonne expéditionnaire. Interdiction à tout marin d'accoster Hyenguène et d'y faire du commerce.

20 septembre. Grande fête (Pilou-Pilou) donnée par les indigènes de Kanala au commandant particulier de cette localité. Un grand nombre de naturels des tribus environnantes y assistent (voir le n° du journal de la colonie).

Embarquement de Tariéri et de la compagnie taïtienne sur "la Thisbé" qui part pour Taïti ; dissolution du corps expéditionnaire, la campagne est terminée.

23 septembre. Le chef Kouita, successeur de Maké, est autorisé à s'établir avec sa tribu dans les environs du fortin Bérard, à condition qu'il respectera la croix élevée à la mémoire des victimes du 17 janvier 1857.

25 septembre. Dissolution de la garde nationale ; on procède le lendemain 26 à son désarmement.

Fin septembre. Un colon nommé Caprou est assassiné et mangé à Tahou, près du cap Colnett, par le chef de cette localité ; son embarcation est brûlée.

1er octobre. Départ de "la Provençale" et du "Styx" pour France. "Le Styx" emmène deux indigènes des Touarous pour les faire examiner à Paris. Ces hommes meurent au moment où ils allaient être rapatriés sur "l'Iphigénie".

La commission scientifique est dissoute.

M.M. Vial d'Aram, Uillière, Kresser et Cie demandent une concession de 40 000 hectares de terre, avec obligation d'introduire des travailleurs de couleur pour cinq années.

Nouvel arrêté sur les concessions.

Création d'une charge d'huissier titulaire.

Régularisation des concessions de terrains faites aux missionnaires catholiques

1°- La concession de 24 hectares de terre à l'île des Pins (Gadji) en date du 23 avril 1855, est reconnue.

2°- La Mission ne possède aucun titre de propriété pour les terrains qu'elle prétend posséder à Yaté ; il est décidé que ces terres deviennent propriété domaniale.

3°- La Mission de Kanala se compose de deux concessions, l'une de 3 hectares, l'autre de 60 acquises par Monseigneur d'Amata. L'administration locale, eu égard à l'agglomération de la population et à la division de la propriété dans cette partie de la Nouvelle-Calédonie, ne prend en aucune façon l'engagement d'obliger les indigènes à la restitution des terres déclarées par les R.R.P.P. ; aucun titre d'achat n'ayant pu être fourni à l'autorité supérieure de la colonie pour valider les droits de la Mission à la propriété.

4°- La concession des terrains de Conception est maintenue dans les limites fixées par l'arrêté du 15 décembre 1857 avec réserve cependant que la ligne passant du Chapeau au piton Manguito sera rectifiée par les soins du cadastre, le plan précédemment dressé étant erroné.

Les concessions ci-dessus indiquées, constituent seules les propriétés de la Mission en Nouvelle-Calédonie, au sud de la ligne joignant Ouarail à Kanala.

Quant aux propriétés au nord de cette ligne, tous droits sont réservés, sans rien préjuger sur leur validité.

30 octobre. Départ de "la Calédonienne" pour Taïti.

17 novembre. Les chefs Waton et jack Kandio, dit Païta, s'emparent du chef jack (Bétié) mis hors la loi et le conduisent à Port-de-France.

18 novembre. Après interrogatoire et constatation de son identité, Jack (Bétié) est fusillé.

13 décembre. Les Téa Diamous réunis aux gens de Pouaye et d'Hyenguène, encouragés par l'évacuation de Balade, attaquent Pouébo dont la résistance est vigoureuse. Le principal instigateur de cette guerre est Kahoua, chef de Pouaye ; le but avoué est la mort du chef hyppolite de Pouébo qui nous est dévoué, et la destruction des missions françaises. Les gens de Belep viennent au secours de Pouébo ; la guerre dure pendant la plus grande partie de l'année 1860.

16 décembre. Une commission agricole est instituée à Port-de-France.

20 décembre. Décision relative au changement de nom des rues de Port-de-France. (15)

30 décembre. Mort de Medjamboulou, l'orateur de Kanala. Les indigènes à l'instigation du capitaine de la goélette "Moib of Australia", et des gens de Lifou embarqués à son bord, accusent le R.P. Montrouzier d'avoir jeté un sort à Medjamboulou et de l'avoir fait mourir. Il en résulte quelques troubles qui sont apaisés.

 

Année 1860

 

14 janvier. Décret impérial qui sépare les gouvernements de Taïti et de la Nouvelle-Calédonie, et place cette dernière, à compter du 1er juillet 1860, sous l'autorité d'un commandant.

Par un second décret, en date du même jour, M. le chef de bataillon Durand, commandant particulier de la Nouvelle-Calédonie, est nommé commandant de la Nouvelle-Calédonie et dépendances.

Février. Le capitaine d'infanterie de Bien, remplace à Kanala M. l'enseigne de vaisseau Desrousseaux.

Arrivée du "Monge", commandant Bourdais, capitaine de frégate.

26 février. Départ du "Monge" qui transporte à Sydney M. le gouverneur Saisset. M. le commandant Durand prend le gouvernement intérimaire de la colonie.

M. Saisset part pour France le 14 mai suivant par la voie anglaise.

Mars. Arrivée de l'aviso à vapeur "le Cassini", commandant Lejeune, capitaine de frégate.

Avril. Assassinat par les indigènes, à Toupeti, de l'américain Charley occupé dans cette localité à préparer la biche de mer.

26-27 juin. Expédition contre la tribu de Méa, envoyée par M. le capitaine de Bien, sous les ordres du sous-lieutenant Pauvert, à la suite de l'incendie de l'établissement de M. Panetrat à Kanala, incendie dont les indigènes sont accusés. Le chef de Méa, Kari et 3 autres naturels sont tués, leurs plantations ravagées. Les gens de Kanala, leurs chefs en tête, se sont joints à cette expédition composée de 55 soldats.

1er juillet. La colonie forme un établissement distinct de celui de Taïti, et s'administrant séparément.

20 juillet. Le conseil municipal de Port-de-France est dissous faute de fonds.

25 juillet. Arrivée du transport "la Bonite", commandant Jouan, lieutenant de vaisseau.

21 août. Arrivée à Port-de-France de la frégate "la Sybille", commandant Mer, capitaine de frégate, amenant une section d'artillerie de marine, et les 16ème,17ème,19ème et 33ème compagnies d'infanterie de marine destinées à relever les troupes de la garnison.

29 août. Arrivée de M. Gilbert-Pierre, commissaire de marine, ordonnateur.

1er septembre. Arrivée de M. Darnaud, concessionnaire des mines de Boulari.

2 septembre. La 19ème compagnie embarque sur "le Cassini", pour aller remplacer à Kanala la 1ère compagnie.

5 septembre. Départ de la corvette "la Thisbé" pour rallier la station des mers du sud.

30 septembre. Arrivée de l'aviso à vapeur "le Coëtlogon", commandé par M. Mathieu, lieutenant de vaisseau.

4 octobre. Départ de "la Sybille" qui ramène en France les 1ère  2ème et 4ème compagnies d'infanterie de marine.

9 octobre. Départ du "Cassini" pour Taïti.

19 novembre au

12 décembre. Voyage d'exploration autour de l'île, du commandant de la colonie sur "le Coëtlogon".

(Nota) Cette année a été remarquable par une épidémie violente qui a sévi dans toute l'île sur les indigènes. Les populations ont été décimées.

L'épidémie a continué pendant les 6 premiers mois de 1861, puis elle a disparu. (16)

 

Année 1861

 

3 au 4

janvier. Coup de vent.

Attaque des 3 indigènes faisant le courrier entre Port-de-France et Kanala, à Oua-Oui, tribu de l'intérieur, chef Mandjaye. - Les naturels s'imaginaient que la boîte des dépêches portait la maladie épidémique qui faisait des ravages parmi eux ; la boîte a été enlevée, et celui qui la portait, tué et mangé.

Assassinat de M. Darnaud par des indigènes de la tribu de Hio. M. Darnaud avait entrepris un voyage d'exploration de toutes les côtes de la Nouvelle-Calédonie, sur une petite embarcation lui appartenant ; il était seul et prenait des guides sur les divers points où il abordait ; il avait avec lui quelques marchandises et des armes pour sa défense. Parti de Port-de-France le 14 janvier, son voyage s'est fatalement terminé à Hio ; son embarcation a été brûlée.

2 février. Départ d'une colonne expéditionnaire pour tirer vengeance du meurtre du courrier de Kanala.

Les troupes, sous les ordres du commandant Durand, embarquent sur "la Bonite" et "la Calédonienne".

3 février. Débarquement des troupes à Ouitoé ; deux soldats se noient par accident. Jonction des indigènes de Waton et de Jack-Païta, à la colonne expéditionnaire.

4 au 8

Février. Départ de 150 hommes de la colonne expéditionnaire, elle pénètre jusqu'au village de Nenni qu'elle brûle sans opposition des naturels qui s'enfuient.

9 février. Embarquement de la colonne expéditionnaire et retour à Port-de-France.

13 février. Mort à l'île Nou (île du Bouzet) de M. James Paddon, venu jeune en Calédonie, du temps du capitaine Woodin. M. J. Paddon s'était livré au commerce du bois de sandal et de biche de mer, il avait établi des comptoirs sur divers points de la côte, et s'était enrichi de ce négoce. Il était le principal négociant de la Nouvelle-Calédonie qu'il connaissait fort bien, possédant plusieurs navires, et nous avait rendu de grands services lors de la prise de possession ; c'est à lui que nous devons connaissance des mines de charbon de Boulari. Son activité alimentait celle du pays, et l'on a pu constater plus tard que sa mort avait causé un grand vide dans la colonie.

23 au 25

Février. Expédition de 40 hommes envoyés de Kanala pour venger la mort du courrier ; elle est sous les ordres du lieutenant Arnaud ; 200 indigènes commandés par leurs chefs se joignent à l'expédition qui arrive chez Mandjye à Oua-Oui, le village est brûlé, les plantations ravagées. Peu après, Mandjye renvoie à Kanala la boîte des dépêches dont le couvercle a été brisé ; on y retrouve exactement tout ce qui y avait été placé.

2 mars. Arrivée de la goélette "la Gazelle", commandant Tréguier, lieutenant de vaisseau ; cet officier a été remplacé au mois de juin par M. Hardy, lieutenant de vaisseau provenant de "l'Iphigénie".

20 avril au

10 mai. Expédition d'Hio, sous le commandement de M. Durand, pour venger la mort de M. Darnaud. Les troupes sont embarquées sur "le Coëtlogon". Tout le littoral est ravagé, tous les villages brûlés de Toupeti à Kouloukari, grand chef du pays, demeurant à Kouau-Hoa dans la baie de M.Koumpara, au sud-est. De Toupeti (17) est fait prisonnier et conduit à Port-de-France. Il est relâché un mois après, sur sa promesse d'être l'ami des Français.

24 mai. Arrivée de la frégate "l'Iphigénie", commandant Lauthaume capitaine de frégate, qui amène la 1ère compagnie disciplinaire des colonies, destinée à servir dans la Nouvelle-Calédonie.

1er juin. Débarquement de la 1ère compagnie disciplinaire qui établit son camp à la baie des Anglais.

Les gens de Nakéty ayant attaqué plusieurs indigènes de Kanala qui nous étaient dévoués, le commandant de cette localité part avec 50 soldats et 300 naturels, leurs chefs en tête, et fait une pointe sur Nakety. Deux villages, comprenant 250 cases environ, sont brûlés ; comme d'habitude, les indigènes ne font aucune résistance et se réfugient dans les montagnes.

1er juillet. Départ de "l'Iphigénie" pour France.

Une pirogue double, montée par 25 naturels de l'île des Pins sombre en allant à Maré ; à cette nouvelle, une autre pirogue, avec le même nombre d'hommes est envoyée par les R.R.P.P. de la Mission au secours de la première, et a le même sort. Tout le monde a péri.

8 au 13

août. La corvette anglaise "le Pelorns" allant à Sydney et venant d'Erromango, s'arrête à Port-de-France.

28 octobre au

5 novembre. La corvette "la Cornélie", commandant L'Evêque, capitaine de vaisseau, visite les Missions de l'Océanie, stationne à Port-de-France d'où elle se rend à Sydney.

9 au

24 novembre. Voyage autour de l'île, du commandant de la colonie, à bord du "Coëtlogon".

11 novembre. "La Bonite" est envoyée dans la Nouvelle-Zélande pour y acheter une cargaison de bois.

12 novembre. Mort d'Emmanuel Appengou, grand chef de Wagap. Sa mort fait craindre des complications.

 

Année 1862

 

16 janvier. Destruction de la Mission de Touo par les gens de Wagap alliés à Kaoua, chef de Pouaye, et Congoouma.

La Mission de Wagap est menacée du même sort. Belle conduite d'un détachement envoyé de Kanala à son secours, sous les ordres du sergent Jousselin ; il est composé d'un caporal, de 8 soldats et de 3 matelots de "l'Hérault" dont les noms suivent : Leduc, caporal, Béraud, Voyer, Didier, Jubin, Delavente, Blanc, Rousseau, Valade soldats, Gigli, Elias et Fouilleul matelots.

25 janvier. Retour de "la Bonite" d'Auckland (Nouvelle-Zélande). La mission de "la Bonite" a été couronnée du plus entier succès ; on a acheté du très bon bois, à bon marché.

3 au

7 février. Expédition de Wagap, sous les ordres de M. Durand, commandant de la colonie. "Le Coëtlogon" et "la Gazelle" ayant transporté les troupes (150 h.) d'infanterie de marine et la compagnie disciplinaire, une colonne débarque le 5 à Touo, l'autre à Wagap, elles doivent toutes deux refouler l'ennemi sur les rives de la Tihouaka. Pendant la marche convergente des deux colonnes, l'ennemi résiste sur divers points dans les journées des 6 et 7 février ; il est enfin obligé de fuir dans l'intérieur ; retour du corps expéditionnaire à Coi-heho (Wagap) le 8. - Création du poste de Wagap le 9. - Le 12, arrestation des 4 principaux chefs : Aoutindan, dit le rouge, Fondaoulou, dit le Tapageur, Thiéou, dit le Gros, Tipouaka, dit l'Assassin. - Après un jugement sommaire, ils sont fusillés. - Retour du commandant de la colonie à Port-de-France, le 17 février.

17 février. Les gens de Touho s'emparent de Pouandata, l'oncle du chef de Wagap fusillé, et l'un des principaux fauteurs du sac de Touo ; ils le mettent à mort.

2 juin. M. le gouverneur Guillain arrive dans la colonie à bord de l'aviso à vapeur "le Coëtlogon" venant de Sydney.