La Bataille (1893 - 1894)

04 - (Bat) - La Bataille.

"Ense et Calamo"

Journal des intérêts coloniaux.

 

Le "directeur politique" et principal rédacteur en était Achille Ballière. Les gérants ont été successivement J. Barotte (1 à 102), F. Bagard (103 à 148), P. Monfort (150 à 176).

Le journal était tiré sur les presses de l'Imprimerie Nouméenne et le bureau se trouvait à l'hôtel Sébastopol, puis hôtel Gagnon.

 

La publication de La Bataille commence le samedi 17 juin 1893 et, bien que rien n'annonce que le journal doit cesser de paraître, se termine le 19 mai 1894 avec le numéro 176.

D'abord tri-hebdomadaire, paraissant les lundis, mercredis et vendredis, ce journal devient quotidien à partir du 19 février 1894 (n° l03).

C'est une feuille de quatre pages qui coûte 25c en publication tri-hebdomadaire, 15c en publication quotidienne. Format : (5l x 38).

La Calédonie (du 20 juin 1893) présentait en ces termes son nouveau confrère et rival :

"…comme l'indique son titre et son sous-titre, la Bataille, "Ense et Calamo", est un journal d'avant-garde qui nous promet de combattre le bon combat pour la Nouvelle-Calédonie et ses habitants".

Ballière s'attaque en effet aux grandes puissances de la colonie liées au Nickel, et combat par là même en faveur de la maison Prevet. Il combat également, en faveur du gouverneur Picquié,- qui ne lui en manifeste aucune reconnaissance,- fonctionnaires et magistrats peu dociles. Les articles sont quelquefois d'un goût douteux (Cf. n°54 du 23 octobre 1893 : Le pantalon empoisonné, signé du pseudonyme "Oscar Touche"), mais Ballière signe un intéressant feuilleton à clés intitulé La guerre de Troie où, dans une Argos qui ressemble beaucoup à Nouméa, se meuvent, travestis en héros d'épopée burlesque, des habitants de la colonie bien connus du public.

 

Localisation : B.N. - Jo.69879 - ; A.N.S.O.M.; B. Bernheim et B.C.C.I. à Nouméa.

 

À la demande de Jean-Noël : l'un des articles de tête du premier numéro de La Bataille, où le directeur de l'Intérieur Lamadon est pris à partie.

 

LA PREMIERE AU DAUPHIN

 

C'était une tradition de l'ancienne monarchie que les derniers jours d'un règne fussent agités par l'ambition inquiète du jeune Dauphin, avide de gouverner.

Pourquoi cette maladie, que je n'hésiterai pas à qualifier de réactionnaire, a-t-elle atteint des fonctionnaires républicains ?

M. le Directeur de l'Intérieur, par exemple, ne devrait-il pas, soir et matin, remercier le gouvernement de la République qui a su découvrir en lui, à la loupe, des qualités administratives dont nous attendons encore la révélation ?

Pourquoi fait-il son Dauphin ?

Ce n'est un mystère pour personne, que le second poste de la colonie ne suffit pas à sa turbulente activité. Comme à Macbeth, on lui a dit - je ne sais pas si c'est une sorcière - tu gouverneras et il veut gouverner.

Que dis-je, il gouverne déjà ….... au moins dans la correspondance de ses amis.

Croyez-moi, Monsieur le Directeur de l'Intérieur, vous ne serez jamais Gouverneur, mais en attendant que je vous explique pourquoi, écoutez ce conseil :

Personne n'a pris au sérieux vos prétentions au gouvernement, même à titre intérimaire.

J'en excepte quelque malins qui comptaient sur votre ignorance du pays en particulier, et des affaires en général, pour pêcher en eau trouble, et quelques mécontents qui crient à la tyrannie parce qu'on leur a défendu de rétablir les lettres de cachet et la torture.

Mais le gros de la population, tous ceux qui ne vivant pas de la politique, la jugent sainement, vous ont eu vite apprécié.

Le climat de l'Isthme de Panama a affaibli vos facultés intellectuelles et l'habitude de commander aux nègres africains, vos qualités morales.

Faut-il maintenant que je tienne ma promesse et vous explique pourquoi vous ne serez jamais gouverneur ?

Est-il nécessaire d'aller rechercher à Saint-Denis les causes de cette impossibilité ?

Non n'est-ce pas ?

Eh ! Bien alors, soyez sage, ne faites plus parler de vous, accompagnez sur le bateau, par vous-même ou par fondée de pouvoir, toutes les victimes du monstre qui nous tyrannise, mais fuyez les ovations bruyantes, ne provoquez plus de vœux aussi grotesques que stériles ; rentrez dans le rang !